Voilà bientôt 2 mois que la France est confinée. Entre craintes et nouveaux ajustements, chacun s’est adapté au mieux dans une situation tout à la fois inédite et particulière. Le lundi 11 mai signe, pour une grande partie du territoire, la fin du confinement. Entre impatience pour les uns et appréhensions pour les autres, voici quelques conseils pour préparer son déconfinement et construire de nouveaux repères.
Pourquoi le déconfinement peut-il faire peur ?
La situation de confinement a représenté pour tout le monde une nouveauté sans précédent qui a demandé un effort d’adaptation : ne plus voir ses proches ; ne plus sortir ; trouver de nouveaux aménagements de travail, … Cette situation a également demandé de prendre de nouveaux automatismes, c’est-à-dire d’inclure dans nos habitudes quotidiennes de nouveaux gestes et comportements : respecter 1 mètre de distance ; adopter les gestes barrières ; faire ses courses différemment, …
Tout cela représente un coût psychique, dans le sens d’un effort à fournir pour adopter puis adapter de nouveaux comportements. Par exemple, on ne se posait pas la question auparavant de savoir comment acheter son pain chez son boulanger ! Avec le confinement, nous avons dû apprendre à adopter de nouveaux gestes (faire une attestation de sortie ; porter un masque…) et à adapter nos comportements (rester à 1 mètre de distance du boulanger ; se laver les mains plus régulièrement…). Aujourd’hui, ces gestes sont globalement plus automatisés puisque nous avons eu le temps nécessaire pour les apprendre puis les mettre en pratique.
BON A SAVOIR ! Ne pas confondre automatisme et mise en application ! Le geste automatique est celui que vous allez adopter « par réflexe » : souvenez-vous par exemple de votre passage à l’examen de conduite. Au départ, il vous fallait détailler chaque opération dans votre tête pour pouvoir conduire votre véhicule. Aujourd’hui, vous ne vous demandez plus comment démarrer votre moteur : cette opération est devenue automatique. La mise en application demande quant à elle de « vouloir » appliquer un geste ou un comportement. Elle requiert une mise en action par une opération volontaire.
Au 11 mai, les repères créés durant le confinement vont à nouveau être bouleversés pour en (re)créer d’autres, tout en tenant compte de nouveaux paramètres. Cela peut donc engendrer un nouveau coût psychique puisqu’il faudra encore réinventer de nouvelles postures. Ceci peut être d’autant plus difficile que l’idée de sortir de chez soi peut être anxiogène. Le cocon sécurisant de son intérieur est mis à l’épreuve de la rencontre à l’autre. La fin du confinement suppose sortir de chez soi (pour une grande majorité) : prendre les transports en commun ; re-fréquenter les lieux publics ; croiser des gens… Pour certains, cela peut générer de la peur, du stress, de l’anxiété. Cela est tout à fait normal. Après avoir passé 2 mois isolé avec des interactions sociales très limitées, son intérieur peut avoir représenté un espace sécurisant, même si le confinement a été difficile à vivre.
En cas de stress :
Pensez à respirer : la respiration consciente favorise le passage de l’oxygène dans votre cerveau, vos poumons et vos muscles. Lorsque nous sommes stressés, nous avons tendance à bloquer notre respiration. Or, elle peut être très utile nous aider à reprendre le contrôle de ses émotions. La cohérence cardiaque peut vous aider à vous relaxer.
Pratiquez un exercice physique : course à pied, yoga ou boxe… L’important est de vous défouler ! L’exercice physique permet au corps d’évacuer les tensions et donc au psychisme de s’apaiser.
Essayez la méditation pleine conscience : elle vous permet de prendre un temps pour vous, de vous recentrer sur le moment présent et donc de réduire votre stress.
Pour certaines personnes, la perspective du déconfinement peut être vécue comme particulièrement angoissante. Peuvent alors se développer des peurs paniques, une tendance à devenir plus méfiant voire agressif ou encore des phobies sociales comme l’agoraphobie (peur de la foule), l’anthropophobie (la peur des gens) ou encore la blemmophobie (la peur du regard des autres, d’être jugé ou perçu comme anormal).
Quel que soit ce que vous ressentez, il est important d’identifier vos émotions et ne pas hésiter à consulter un psychologue pour vous aider à mettre en mot votre problématique et à la dépasser.
Comment se réadapter au travail ?
Beaucoup ont vu leur cadre de travail modifié durant le confinement : chômage partiel, télétravail, même ceux ayant continué à se rendre sur leur lieu d’exercice vont devoir réapprendre à travailler selon de nouvelles modalités : retour des collègues, nouvelles règles de distanciation. Beaucoup de choses sont chamboulées !
Il est important de se rappeler que vous n’êtes pas seul(e) à vivre ces changements. D’autres personnes peuvent donc vous aider à trouver de nouvelles solutions. Discuter de ses pratiques avec ses collègues, échanger des conseils avec d’autres professionnels… peut vous aider à vous sentir moins seul(e) et à trouver de nouvelles idées auxquelles vous n’auriez peut-être pas pensé.
Le retour au travail peut être vécu comme brutal, par le changement de rythme qu’il impose. Il serait tentant d’éviter les situations stressantes plutôt que de s’y confronter, et cela est bien normal ! Pourtant, il est préférable de prendre le temps de se réhabituer progressivement à ses conditions de travail plutôt que de les évitées. Au risque qu’il ne devienne encore plus difficile avec le temps de retrouver son lieu d’exercice.
A situation inédite, autorisez-vous à imaginer des solutions inédites ! Mieux encore, tentez de les mettre en application. Pourquoi ne pas discuter avec votre hiérarchie de possibles aménagements ? Pourquoi ne pas revoir votre fonctionnement si vous êtes indépendant ? Peut-être est-il le moment de réfléchir aux possibilités qui s’offrent à vous pour mettre en application toutes les choses auxquelles vous pensez depuis longtemps ?
Est-il possible de poursuivre le télétravail, si cela vous convient ?
Est-il possible d’aménager vos horaires de travail, à mi-temps par exemple ?
Est-il possible de débuter une formation ?
Il ne sera peut-être pas possible de tout mettre en application ou bien de le mettre en place maintenant. Mais vous avez le droit de penser à ce qui vous convient, de réfléchir aux différents possibles et de discuter de vos idées. En cela, le déconfinement apparait comme une opportunité pour repenser votre façon de travailler, vous reconnecter à vous-même pour mieux connaitre vos envies et désirs.
Comment faire face à l’incertitude ?
La situation actuelle nous confronte à l’incertitude et peut donc générer de la peur. Confronté à l’incertitude, nous sommes plus vulnérables et nous pouvons avoir tendance à nous raccrocher à des discours et comportements plus rigides pour nous rassurer.
En période d’incertitude, il est bon de se rappeler que :
Vous êtes capable de vous adapter, même si vous ne maitrisez pas tout. Souvenez-vous de la dernière fois où vous avez été confronté(e) à une situation incertaine. Comment avez-vous réagi ? Qu’avez-vous mis en place pour vous rassurer ? Dans les moments incertains, il est bon de se souvenir de ce que nous sommes en capacité de faire.
Vous n’êtes pas seul(e) et il est normal de ressentir ce que vous ressentez. Parlez-en autour de vous. Cela vous permettra d’extérioriser vos craintes éventuelles et de ne pas rester isolé.
Pensez à ce que vous maîtriser plutôt que d’anticiper ce que vous ignorez. De manière globale, il existe beaucoup de choses que nous ne savons pas. Se focaliser sur ce que nous savons ou pouvons faire réduit la zone d’incertitude et augmente le sentiment de contrôle.
Anticipez les solutions face à un problème. Sans être dans une anticipation permanente des évènements, réfléchir aux solutions d’un problème potentiel permet de ne pas être confronté soudainement à la nouveauté et d’être préparé. Ainsi, on est moins surpris et plus réactif.
4 conseils pour (mieux) vivre le déconfinement :
Fixez-vous des objectifs : avoir des projets à court, moyen ou long terme enclenche une dynamique de motivation.
Instaurez de nouveaux rituels et habitudes pour vous aider à (re)prendre le contrôle de votre vie.
Autorisez-vous des activités de détente : se promener, bricoler, faire du sport, contacter ses proches… autant d’activités qui vont permettront de vous relaxer et limiter votre stress.
Apaisez votre mental en vous rassurant : demandez-vous ce qui vous fait peur et ce que vous pouvez mettre en place pour vous rassurer. Sans tomber dans une hypervigilance constante, identifier vos peurs vous permettra de trouver des solutions concrètes pour y faire face et vous rassurer.
Le déconfinement représente une nouvelle réalité que chacun vit différemment. Il n’existe pas de vérité universelle sur la manière de l’appréhender. C’est pourquoi, prendre en compte vos émotions, être à l’écoute et être bienveillant(e) envers vous-même vous permettra de mieux connaitre votre fonctionnement pour mettre en place ce qui vous est adapté. Au besoin, consulter un psychologue peut vous aider à faire le point et dépasser les peurs éventuelles qui, si elles sont tout à fait normales et légitimes, peuvent rendre le quotidien insupportable et angoissant. Enfin, quitte à vivre une situation nouvelle, autant la vivre comme une opportunité nouvelle, non ? Bon déconfinement et prenez soin de vous.
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